• Madame-Arnoul


     

    La réussite de ce bref récit d’une enfance en Algérie, à Batna précisément, tandis que la France y faisait la guerre, tient sans doute à trois facteurs.

    D’abord, le sentiment constant d’une véracité; en effet, nombre de scènes, l’attentat au cinéma, la douleur au cimetière, le traumatisme de Bambi, les soldats campant sur la cour de l’immeuble, leur ivresse et leur désenchantement, l’attitude de l’oncle ayant rejoint les rangs de l’O.A.S., ou encore cette remarque : mon père « n’osait plus déployer Le Monde et se contentait de le lire, plié en quatre, en secret, à la lueur de la lampe-tempête», tout cela, semble-t-il, a dû être vécu — si «fidèlement» rapporté.    
          

    Ensuite un art de la discrétion parfaitement maîtrisé. Tout est suggéré, les faits, les actes, les sentiments. Les personnages existent, ceux de «la Maison», sans que leurs contours soient trop appuyés. Madame Arnoul, venue d’Alsace, malheureuse en ménage, de qui le narrateur s’éprend comme d’une seconde mère, et elle le lui rend bien, semble être passée du côté des Arabes, etc. suscite, au-delà du rêve, de l’émotion. L’évocation, la présence, à quatre reprises, dans le récit, de l’enfant Mohammed Khair-Eddine à l’école et au collège, est également très émouvante, car elle accrédite l’amitié par-delà les races, cette fraternité que montre Pancrazi entre nombre de colons et de colonisés.

    Enfin, c’est bien le moindre mais ce n’est pas si fréquent, le style est particulièrement heureux. Non seulement chaque phrase obéit à un rythme, mais encore, les sensations occupent une grande place dans l’écriture de Pancrazi qui écarte toute banalité et invente des images neuves. «Nous courions, presque nus, autour de la table en saisissant au passage, parmi les bouquets défaits, des branches d’églantiers réduites à leurs épines. On s’en flagellait ensuite en se poursuivant sur les galeries avant de plonger dans l’eau des bassins des buanderies. Étendus sur les dalles encore tièdes de la terrasse et couverts d’égratignures, nous riions sous les étoiles tels des martyrs heureux».

    Véracité, discrétion et en même temps clarté de la pensée, perfection de l’écriture, telles sont les qualités de ce récit qui confèrent un bonheur de lecture durable.

    Pour un petit garçon français, Batna ressemblait fort au paradis avant les «événements d'Algérie». Avant les bombes dans les cinémas, les tortures, les mutilations, les assassinats, les délations, les viols, l'escalade des représailles. Jean-Noël Pancrazi ressuscite l'enfant qui a vu basculer en enfer sa petite ville. Il évoque les tiraillements, et puis les déchirures de sa communauté jusqu'à l'arrachement définitif qui a fait de lui, à jamais, un «enfant perdu».

    Une de ses voisines, Mme Arnoul, alsacienne, pâle et menue, est son amie. Mariée à un pochard qui la bat, elle aime aller s'asseoir sur un banc, silencieuse, auprès du sage petit écolier. Elle aime aussi aller se promener avec lui jusqu'à un wagon abandonné d'où elle contemple d'invisibles lointains et rêve de voyages. Décrétée «du côté des Arabes» parce qu'elle a protégé une petite Algérienne contre les assauts d'un militaire français, Mme Arnoul va être «punie».

    Autre personnage clé, le meilleur camarade d'école du narrateur, Mohammed Khair-Eddine, «tendu d'admiration pour une langue et une culture dont il n'imaginait pas pouvoir être exilé un jour».

    De l'odeur de la sueur des soldats à celles de l'encre et du jasmin, on retrouve la riche gamme olfactive qui caractérise l'œuvre de Jean-Noël Pancrazi. On retrouve aussi des éléments de «son» décor: abat-jour de satin rose, fauteuil de velours bleu nuit, fronces d'un rideau... Mieux que le souffle de l'histoire: le soupir du détail.

    Jean-Noël Pancrazi est un écrivain français né à Sétif (Algérie) le 28 avril 1949.

    Ce romancier d'origine corse est né en Algérie, pays qu'il quitte avec ses parents en 1962 après l'indépendance pour s'installer en métropole à Perpignan puis à Paris.

    Agrégé de Lettres modernes en 1972 et collaborateur au Monde des Livres, il est membre du jury du Prix Renaudot depuis 1999. Il est connu pour son écriture recherchée, aux longues phrases semées de métaphore.

    Le narrateur des Quartiers d'hiver évoque la vie d'un bar gay, ses amours avec un jeune sans abri, son amitié avec un peintre adonné au S/M, sur fond d'épidémie de sida. Le récit Madame Arnoul évoque son enfance algérienne à Batna.

     

     

     

    Quand j’étais gamin vers la fin des années 70 à Batna, avec d’autres enfants on allait jouer à côté d’une maison qu’on appelait la maison de l’ « Allemande ». À la fin de la lecture de ce livre poignant une question me revient tout le temps : « L’Allemande serait-elle Madame Arnoul ? ». Je poserai la question aux anciens, peut être certains d’entre eux l’aurait connue. (Fethi)

     

     


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  • LONGO 1

    Le mari et entraîneur de la championne cycliste Jeannie Longo a reconnu jeudi après-midi avoir acheté de l'EPO "pour son usage personnel", a annoncé jeudi soir son avocat.

    Alors qu'il niait jusqu'à présent les faits, Patrice Ciprelli s'est mis à table jeudi après-midi. Le mari et entraîneur de la championne cycliste Jeannie Longo a reconnu face aux enquêteurs avoir acheté de l'EPO "pour son usage personnel", a annoncé son avocat Me Pierre Albert. "Il a fait l'objet d'accidents de vélo répétés ces dernières années", a poursuivi l'avocat. L'EPO est "un reconstituant personnel", a précisé Me Albert. "Il l'a cachée à Jeannie (Longo) et l'a fait livrer à un copain (Michel Lucatelli, ndlr) pour qu'elle ne s'en aperçoive pas", a ajouté l'avocat. 

     

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  • Le tribunal correctionnel de Paris a débattu du caractère pornographique d'une boutique près d’un collège.

    Un sex toy est-il un jouet érotique ou un objet pornographique ? La question était débattue mercredi au tribunal correctionnel de Paris, saisi par deux associations qui veulent faire interdire une boutique de sex toys située à proximité d'un collège.

    En jeu, l'application d'une loi sur la protection de l'enfance de 1987, réformée en 2007, qui interdit "l'installation, à moins de 200 mètres d'un établissement d'enseignement, d'un établissement dont l'activité est la vente (...) d'objets à caractère pornographique".

    Mais il y a un hic : le texte omet de préciser ce qu'est un "objet pornographique". Toute la question de cette audience surréaliste était donc de savoir si les sex toys vendus par le magasin relèvent de la pornographie ou non.
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  • tréconsainte vergefourqconaschiraccarlabourgbèzearnacmontcuq


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  • "Oh homme sensé, écoute mon histoire et comprend la !"
    Par une belle matinée printanière de l’an mille dans la lumineuse ville de Cordoue, se présentèrent devant le juge, deux éternels rivaux ; le café et le thé. Il faut préciser qu’en arabe, le mot café se prononce : Qahwa qui est une connotation féminine.
    Alors, dans cette sublime ville qu’était Cordoue, ville de la connaissance des sciences et des arts, ville où la civilisation musulmane était à son summum, ville éclairant l’Europe de son savoir, existait un juge très connu pour son impartialité et sa probité ; c’était le juge Omar Ben Haq.

    Reprenons mon histoire, je vous narre la suite.
    Toutes les franges de la société étaient présentes. La salle était pleine à craquer. Habits de soie et habits de toile, senteurs de jasmins émanant des belles andalouses et odeurs de sueurs se mélangeaient dans un énorme brouhaha. Toute la ville était là, personne ne voulait rater l’audience.

    Soudain, le juge entra dans la salle, majestueux dans sa robe de satin, d’un vert olive, le turban posé fièrement sur la tête il prit place et intima à l’assistance, le silence. D’un signe de tête il ordonna aux deux protagonistes d’exposer leurs griefs.

    EL Qahwa (le café) et le thé arrivés devant le Qadi (juge) le saluèrent par ces propos :
    - Oh Qadi respectable, nous te considérons comme arbitre équitable, car tu es Incorruptible, tu ne te laisse acheter ni ne prend aucune décision à la légère, grâce au Seigneur, tu jugeras avec succès notre différent car DIEU t’a confié une partie de ses pouvoirs.

    Le Cadi, agacé par tant de verbiages leur répondit en ces termes :
    - Je vous écoute, trêve de bavardage, si vous avez quelque chose à dire, parlez sans inquiétude ; celui qui a raison l’emportera, et bien entendu, le perdant acceptera le verdict.
    Le thé prit le premier la parole se faisant son propre avocat.

    - Aujourd’hui, il est permis de me boire, dit ‘il, je n’ai rien de commun avec le vin, je suis la boisson des hommes honorables, en moi se trouve une vertu contre toutes les maladies que je rencontre à l’intérieur du corps de celui qui me boit. Je dissipe douleur et tristesse.

    Continuant sa plaidoirie, le thé dit :
    - Je facilite la digestion de tous les aliments lourds, je guéris les personnes souffrantes et aux hommes de bien, qui me boivent, j’apporte détente et repos.

    - Je contiens un brin de fragrance de menthe et de gingembre. Pour me préparer on utilise une théière ressemblant à une tiare, posée sur un brasero rempli de braises ardentes et on utilise un plateau ciselé reposant sur un trépied en bois précieux sur lequel sont délicatement posés des verres aux couleurs chatoyantes ajoutant ainsi, à mon miroitement. Alors comment ? toi, servante, voilà que tu veux rivaliser d’éclat envers moi, lança t’il en direction d’El qahwa.

    - Pourquoi élever le ton avec moi, tu n’es qu’une pauvre servante, après tout !
    Tu ne procures ni extase, ni n’exhales aucun parfum, tu n’es pas digne des tasses de solennités et d’apparat, ce qui te convient, ce sont des tasses de pierre ou des bols d’argile vendus au poids, termina t’il ainsi sa longue diatribe

    - DIEU récompensera tes injures comme il se doit, répliqua el qahwa, abrège tes propos et ne te proclame pas licite car c’est ma médecine à moi, qui est renommée, je guéris le malade de ses longues maladies. Aux hommes de bien qui me boivent, continua el qahwa, j’apporte détente et repos, je dissipe migraine et douleur.

    Et les soirées avec moi peuvent durer longtemps, je facilite la digestion de tous les aliments lourds. Et, sarcastique, el qahoua dit au thé :
    - Lorsque les veillées se multiplieront, oh esprit subtil, aucun courtier ne t’achètera au marché car tu es bon pour les chameaux et les bœufs puisque tu es pareil à l’indigo ; tu n’es qu’une herbe colorée.
    Après avoir écouté attentivement les plaidoiries d’el qahoua et du thé, el cadi leur répondit, en lissant pensivement sa petite barbe blanche, en ces termes :
    - Cessez, nobles gens ! Certes, vous êtes tous deux des remèdes efficaces, mais le thé possède des vertus plus nombreuses car toi ; el qahoua, tu es bon marché et accessible par tous, le thé, quant à lui est fait pour le divertissement des gens de bonne compagnie qui se savent se délecter de ce nectar béni. En effet, continua le cadi, le thé ajoute son charme à la quiétude et à la joie des réceptions, Dieu Tout Puissant l’a créé ainsi et l’a doté d’un aspect splendide.

     

     


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