• Anna Greki est le pseudonyme de Colette Anna Grégoire. Née à Batna le 14 mars 1931, elle est d'origine française. Elle a participé à la lutte de libération algérienne. Elle est arrêtée en 1957 et enfermée à Barberousse, prison civile d'Alger, puis elle est expulsée d'Algérie. Elle est morte en couches le 6 janvier 1966 d'une hémorragie.

    Son recueil le plus connu fut publié chez P. J.. Oswald en 1963. Il porte le titre de Algérie, capitale Alger. Un autre recueil fut publié à titre posthume. Il s' agit de Temps forts sorti chez Présence Africaine en 1966. Elle a également publié d'autres textes poétiques dans Révolution africaine (hebdomadaire créé à Alger en 1963 par le F.L.N.) et dans d'autres revues.

    Anna Greki est l' une des premières femmes et surtout l' une des premières poétesses algériennes à avoir pris la parole. Elle choisit pour cela un pseudonyme, suivant ainsi une sorte de tradition inaugurée par Assia Djebar et qui se perpétue jusqu'à nos jours.

    En même temps que son' engagement militant et volontariste, l' histoire personnelle de la poétesse est tracée dans une chronique morcelée de son enfance et de la vie dans le massif aurésien. L' attachement profond à la terre natale est plusieurs fois chanté, notamment dans un poème intitulé "Menaa" :

    Mon enfance et les délices
    Naquirent là
    A Menaa - commune mixte Arris
    Et mes passions après vingt ans
    Sont le fruit de leurs prédilections
    Du temps où les oiseaux tombés des nids
    Tombaient aussi des mains de Nedjaï
    Jusqu'au fond de mes yeux chaouïa."

    Le vécu quotidien dans la terre natale, le tissage amoureux et tendre du quotidien justifient l' engagement politique; l' amour de la vie, des autres, des camarades, met en place une projection heureuse dans le futur malgré le présent entaché par la guerre, la violence et la haine :

    Ce sera un jour pareil aux autres jours
    Un matin familier avec des joies connues
    Eprouvées parce qu'elles sont quotidiennes.

    Dans ce cadre, la poésie se transforme en arme, en moyen de rétablir la justice et avec elle, une société plus humaine :

    Avec des mots brûleurs du ciel
    Avec des mots traceurs de route
    Qui font du bonheur une question de patience
    Qui font du bonheur une question de confiance.

    Femme, elle est attentive à la lutte des militantes aux côtés de leurs maris, de leurs frères, de leurs pères. Elle décèle et met en avant la participation de ces femmes, même dans le silence et l' effacement imposé par la société :

    Et ces femmes fières d'avoir le ventre rouge
    A force de remettre au monde leurs enfants
    A chaque aube, ces femmes bleuies de patience
    Qui ont trop de leur voix pour apprendre à se taire.

    Elle dit aussi le courage des mères, à travers des images saisissantes qui soulignent la persévérance de celles-là :

    Forte comme une femme aux mains roussies d'acier
    Tu caresses tes enfants avec précaution
    Et quand leur fatigue se blesse à ta patience
    Tu marches dans leurs yeux afin qu'ils se reposent

    Triomphe et force de la femme, qui prend en charge en plus de son destin, celui de ses enfants. La poétesse est d'ailleurs très sensible à l' enfance qui l' entoure. Comme Jean Amrouche, elle lui prête une voix et elle dénonce sa condition durant la guerre et sa violence :

    Colère devant l' enfant courant devant la guerre
    Jusqu'aux frontières
    Depuis sept ans sans s' arrêter
    S' il ne se couche dans la terre

    De facture libre, la poésie d'Anna Gréki laisse cependant entrevoir une maîtrise de la forme classique : les vers y sont présents même si elle s' en libère chaque fois que la nécessité d'un rythme interne dicté par la révolte ou le lyrisme de la célébration ou de la mémoire, se fait ressentir. Célébration de la jeunesse et de l' avenir, la poésie d'Anna Greki est un chant d'espoir tourné vers l' avenir.


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    « Il est difficile d'attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout lorsqu'il n'y est pas. »

     


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    «Plus on prendra de soin pour ravir aux hommes la liberté de la parole, plus obstinément ils résisteront» (Spinoza).

     


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