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Par Fethiok le 20 Mars 2010 à 00:05
Tout est lumière, tout est joie.
L'araignée au pied diligent
Attache aux tulipes de soie
Les rondes dentelles d'argent.
La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.
La rose semble, rajeunie,
S'accoupler au bouton vermeil
L'oiseau chante plein d'harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.
Sous les bois, où tout bruit s'émousse,
Le faon craintif joue en rêvant :
Dans les verts écrins de la mousse,
Luit le scarabée, or vivant.
La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent;
Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale
D'où la douceur du ciel descend !
Tout vit et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert !
La plaine brille, heureuse et pure;
Le bois jase ; l'herbe fleurit.
- Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret, et sourit.
Victor HUGO
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Par Fethiok le 11 Mars 2010 à 10:20
« J’ai peut-être rêvé : les vaisseaux sont fantômes
Ai-je connu la ville où hier un attentat
Mettait dans les journaux un air de glas qui sonne
Au non-sens effréné qu’on appela Cirta
C’est à douter d’un souvenir et l’Algérie
Me dit dans un regard que mes yeux m’ont menti
Et rien d’autre mon cœur que cette rêverie
Au bastingage lourd d’un bateau qui partit
Suis-je né dans l’exil et dans mon habitude
A chercher au métro le couloir étranger
Suis-je le prisonnier de cette servitude
Qui nous fait dire blanc dés lors qu’il a neigé
Mon cœur est un touriste aux étapes d’ennui
Je ne visite rien qu’un souvenir qui râle
Hôtel tout n’est qu’hôtel pour allonger la nuit
Ah ! la fiche à remplir testament des escales
Je connais sous les ponts à l’écoute du fleuve
L’impassible dialogue et les mornes questions
Que se pose un maudit à qui manque la preuve
Qu’il est juste pour lui de dormir sous un pont
Verrai-je un nouvel an aux couleurs de cerise
La rue blonde au pavé d’un jour du mois de mai
Et vers le Djebel Ouach quand bavarde la brise
Tous ces rêves noyés d’un lac aux yeux fermés
J’ai peut-être rêvé : les vaisseaux sont fantômes
Ai-je connu la ville où hier un attentat
Mettait dans les journaux un air de glas qui sonne
Au non-sens effréné qu'on appelle Cirta."
Malek HADDAD(1927-1978)
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Par Fethiok le 3 Mars 2010 à 00:05L'interminable hiver tente un dernier effort,Pour enfouir la terre et refroidir l'espace :Sous le souffle effréné de l'ouragan du nordDe plus en plus la neige en tourbillons s'entasse.Et cette blanche mer déferle dans le ventPar-dessus les taillis aux branches dénudées.Les chars dans les ravins comblés bloquent souventSous l'amoncellement continu des bordées.L'air glacial est lourd de morbides vapeurs.Nous sortons peu. Le soir près du feu nous rassemble ;Et les vieux dolemment racontent là des peursQui font frémir l'enfant, blêmir l'aïeul qui tremble.La cruelle saison sème au hasard les deuils.Pour les hôtes des bois partout se cache un piège,Et le braconnier traque orignaux et chevreuilsAveuglés du grésil, empêtrés de la neige.Tout souffre, hommes, bétail, tout pleure, arbres, échos.Dans son grenier gémit le pauvre, maigre et pâle,Et l'on croit par moment entendre ses sanglotsÀ travers les cents bruits de la brise qui râle.L'aurore ne luit plus sur les monts sourcilleux.Rien ne fait pressentir la fin des jours livides.Et si parfois un coin d'azur émerge aux cieux,L'hiver croule à flots plus drus sur les Laurentides.Mais de même qu'après le déluge, un matin,L'arc-en-ciel rayonna dans sa splendeur première,Le clair soleil pascal, qu'on croyait presque éteint,Demain va tout dorer de sa blonde lumière.
William Chapman( 1850 -1917)
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Par Fethiok le 27 Février 2010 à 00:05
Vous, les pauvres,
Dites-moi
Si la vie
N'est pas une garce!
Ah! Dire que
Vous êtes les indispensables!...
Ouvriers, gens modestes
Pourquoi les gros
Vous étouffent-ils en leur graisse
Malsaine de profiteurs?
Ouvriers,
Les premiers à la tâche,
Les premiers au combat,
Les premiers au sacrifice,
Et les premiers dans la détresse...
Ouvriers,
Mes frères au front songeur,
Je voudrais tant
Mettre un juste laurier,
A vos gloires posthumes
De sacrifiés.
- La grosse machine humaine
A beuglé sur leurs têtes,
Et vente à leurs oreilles
Le soupir gémissant des perclus !...
Au foyer ingrat
D’une infernale société,
Vous rentrez exténués,
Sans un réconfort
Pour vos cœurs de « bétail pensif »…
Et vos bras,
Vos bras sains et lourds de sueur,
Vos bras portent le calvaire
De vos existences de renoncement !
Soliloque 1946
Kateb YACINE (Constantine 1929-Grenoble 1989)
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Par Fethiok le 24 Janvier 2010 à 11:40
I
A moitié petite,
La petite
Montée sur un banc.
II
Le vent
Hésitant
Roule une cigarette d'air.
III
Palissade peinte
Les arbres verts sont tout rosés
Voilà ma saison.
IV
Le cœur à ce qu'elle chante
Elle fait fondre la neige
La nourrice des oiseaux.
V
Paysage de paradis
Nul ne sait que je rougis
Au contact d'un homme, la nuit.
VI
La muette parle
C'est l'imperfection de l'art
Ce langage obscur.
VII
L'automobile est vraiment lancée
Quatre têtes de martyrs
Roulent sous les roues.
VIII
Roues des routes,
Roues fil à fil déliées,
Usées.
IX
Ah ! mille flammes, un feu, la lumière,
Une ombre!
Le soleil me suit.
X
Femme sans chanteur,
Vêtements noirs, maisons grises,
L'amour sort le soir.
XI
Une plume donne au chapeau
Un air de légèreté
La cheminée fume.
Paul Éluard(1895-1952)
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