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Par
Fethiok dans
Littérature le
9 Octobre 2009 à 00:05
Un jour, la femme d'un pauvre bédouin dit à son mari pleine
d'aigreur :
" Nous souffrons sans cesse de la pauvreté et du besoin. Le chagrin est notre lot tandis que le plaisir est celui des autres. Nous n'avons pas d'eau, mais que des
larmes. La lumière du soleil est notre seul vêtement et le ciel nous sert d'édredon. Il m'arrive parfois de prendre la pleine lune pour un morceau de pain. Même les pauvres ont honte devant notre
pauvreté.
Quand nous avons des invités, j'ai envie de leur voler leurs vêtements tandis qu'ils dorment."
Son mari lui répondit :
"Jusqu'à quand vas-tu continuer à te plaindre ? Plus de la moitié de ta vie est déjà écoulée. Les gens sensés ne se préoccupent pas du
besoin et de la richesse car tous deux passent comme la rivière.
Dans cet univers, il est bien des créatures qui vivent sans se soucier de leur subsistance. Le moustique comme l'éléphant fait partie de la famille de
Dieu.
Tout celà n'est que vain souci. Tu es ma femme et un couple doit être assorti. Puisque moi je suis satisfait, pourquoi es-tu si chagrine ?
"
La femme se mit à crier
:
"Ô toi qui prétends être honnête ! Tes idioties ne m'impressionnent plus. Tu n'es que prétention.
Vas-tu continuer longtemps encore à proférer de telles insanités !
Regarde-toi : la prétention est une chose laide, mais pour un pauvre, c'est encore pire . Ta maison ressemble à une toile d'araignée. Tant que tu
continueras à chasser le moustique dans la toile de ta pauvreté, tu ne seras jamais admis auprès du sultan et des beys."
L'homme répliqua :
"Les biens sont comme un chapeau sur la tête. Seuls les chauves en ont besoin. Mais ceux qui ont de beaux cheveux frisés peuvent
fort bien s'en passer ! "
Voyant que son mari se mettait en colère, la femme se mit à pleurer car les larmes
sont les meilleurs pièges des femmes. Elle commença à lui parler avec modestie :
" Moi, je ne suis pas ta femme ; je ne suis que la terre sous tes pieds. Tout ce que j'ai, c'est à dire mon âme et mon corps, tout celà t'appartient. Si j'ai perdu
ma patience au sujet de notre pauvreté, si je me lamente, ne crois pas que ce soit pour moi. C'est pour toi ! "
Bien que dans l'apparence les hommes l'emportent sur les femmes, en réalité, ce sont eux les vaincus sans aucun doute.
C'est comme pour l'eau et le feu, car l'eau finit toujours par vaporiser le feu.
En entendant ces paroles, le mari s'excusa auprès de sa femme et dit :
" Je renonce à te contredire. Dis moi ce que tu veux. "
Jalâl ud Dîn Rûmî,(Balkh, 30 septembre 1207 - Konya, 17 décembre 1273) est un mystique musulman persan qui a profondément influencé le soufisme. Il existe une demi-douzaine de transcriptions du prénom Djalal-el-dine, « majesté de la religion » (de
djalal, majesté, et dine, religion, mémoire, culte).
Il reçut très tôt le surnom de khodâvendegâr, ou mawlânâ khodâvendegâr ou mevlânâ,
qui signifie « notre maître ». Son nom est intimement lié à l'ordre des « derviches tourneurs » ou mevlevis, une des principales
confréries soufies de l'islam, qu'il fonda dans la ville de Konya en Turquie.
جلال الدين الرومي
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