• La terre, être silencieux dont nous sommes l'une des expressions vivantes, recèle les valeurs permanentes faites de ce qui nous manque le plus : la cadence juste, la saveur des cycles et de la patience, l'espoir qui se renouvelle toujours car les puissances de  vie sont infinies.


       Il nous faudra sans doute, pour changer jusqu'au tréfonds de nos consciences, laisser nos arrogances et apprendre avec simplicité les sentiments et les gestes qui nous relient aux évidences.


       Retrouver un peu du sentiment de ces êtres premiers pour qui la création, les créatures et la terre étaient avant tout sacrées...

      M'appuyant sur ce credo, je propose de poser quelques-unes des questions qui me tourmentent depuis plus de quarante ans.


      Comment se fait-il que l'humanité, en dépit de ressources planétaires suffisantes et de ses prouesses technologiques sans précédent, ne parvienne pas à faire en sorte que chaque être humain puisse se nourrir, se vêtir, s'abriter, se soigner et  développer les potentialités nécessaires à son accomplissement?


      Comment se fait-il que la moitié du genre humain, constituée par le monde féminin, soit toujours subordonnée à l'arbitraire d'un masculin outrancier et violent?


      Comment se fait-il que le monde animal, à savoir les créatures compagnes de notre destin et auxquelles nous devons même notre propre survie à travers l'histoire, soit ravalé dans notre société d'hyperconsommation à des masses ou à des fabriques de protéines ?


      Comment les mammifères bipèdes auxquels j'appartiens ont-ils pu se croire le droit d'exercer d'innombrables exactions sur le monde animal, domestique ou sauvage?


      Comment se fait-il que nous n'ayons pas pris conscience de la valeur inestimable de notre petite planète, seule oasis de vie au sein d'un désert sidéral infini, et que nous ne cessions de la piller, de la polluer, de la détruire aveuglément au lieu d'en prendre soin et d'y construire la

    paix et la concorde entre les peuples?


      Ces questions qui demeurent à ce jour sans réponse mettent en évidence la faillite de notre conscience et l'obscurantisme dans lequel nous évoluons en dépit de nos connaissances. Nous restons enlisés dans un profond et immense malentendu. Et je me demande si nous ne confondons pas nos aptitudes, qui nous permettent tant de performances pour le meilleur et pour le pire, avec l'intelligence qui devrait éclairer nos actes et nous aider à construire un monde différent...


      Ces constats obligent à se demander si l'humanité est encore en mesure d'orienter son destin vers l'indispensable humanisation, à savoir la construction du monde avec ce qu'elle a de meilleur pour éviter le désastre du pire. Cette question se pose à la conscience de chacun d'entre nous. Et en dehors des grandes décisions politiques que les Etats doivent prendre et pour lesquelles nous devons militer, il nous appartient également à titre individuel de faire tout ce que nous pouvons dans notre sphère privée et intime, comme nous l'enseigne la légende amérindienne du Colibri, appelé parfois
    « l’oiseau mouche », ami des fleurs...



       Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les      animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s'active, allant chercher quelques gouttes d'eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d'un moment, le tatou,
    agacé par ses agissements dérisoires, lui dit :

       "Colibri ! Tu n'es pas fou ? Tu crois que c'est avec ces gouttes d'eau que  tu vas éteindre le feu ?"
       "Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part."


       Telle est notre responsabilité à l'égard du monde car nous ne sommes pas totalement impuissants si nous le décidons.

      Aujourd'hui, l'ensemble de la société planétaire est en crise, sociale, économique et écologique, avec des risques de changement climatique et d'effets écologiques prévisibles et imprévisibles. L'épuisement à terme des ressources énergétiques fossiles, associé à une demande qui s'accroît sans cesse, constitue une menace de conflits sans précédent en même temps que le grippage de la civilisation de la combustion. Le modèle de développement qui a prévalu durant les deux derniers siècles se révèle totalement inadéquat pour les critères élémentaires de la pérennité que la nature et
    l’écologie nous donnent en exemple.

                                                                                           Pierre Rabhi



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  • loup2
    Un soir, un vieil Amérindien parlait à son petit-fils du combat qui se livre à l'intérieur de chacun de nous. Il l'expliquait comme suit: "Il y a deux loups en chacun de nous:

     
    Le loup du Mal. C'est la colère, l'envie, la jalousie, la tristesse, le regret, l'avidité, l'arrogance, l'apitoiement, la culpabilité, le  ressentiment, l'infériorité, le mensonge, l'orgueil, la supériorité et l'ego...

    Le loup du Bien. C'est la joie, la paix, l'amour, l'espérance, la sérénité, l'humilité, la bonté, la bienveillance, l'empathie, la générosité, la vérité  la compassion . "

    Après y avoir réfléchi pendant un instant, le petit-fils demande:
    "Grand-papa, quel loup gagne?"

     Le Grand-papa lui répond simplement: "Celui que tu nourris."


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  • Il y avait une fois dans un village un fermier sans le sou qui devait rembourser une importante somme d’argent à un vieil homme très laid.  Comme le fermier avait une fort jolie fille qui plaisait beaucoup au vieux prêteur, ce dernier proposa un marché.  

     

    Il dit qu’il effacerait la dette du fermier s’il pouvait marier sa fille.  Le fermier et sa fille furent tous deux horrifiés par cette proposition.  Alors le vieux prêteur ratoureux suggéra que le hasard détermine l’issue de la proposition.  Il leur dit qu’il mettrait un caillou blanc et un caillou noir dans un sac d’argent vide, et que la fille aurait à piger, à l’aveuglette, un des deux cailloux du sac.

    1) si elle pige le caillou noir, elle devient son épouse et la dette de son père

        est effacée. 

    2) si elle pige le caillou blanc, elle n’a pas à l’épouser et la dette du père est également annulée. 
    3) si elle refuse de piger un caillou, son père est jeté en prison.  

    Cette discussion avait lieu sur le chemin devant la maison du fermier, et le sol était jonché de cailloux.  Tout en continuant de parler, le vieux monsieur laid se pencha pour ramasser les deux cailloux.  Comme il les ramassait, la jeune fille, qui avait l’œil vif, remarqua qu’il avait ramassé deux cailloux noirs et qu’il les avait mis dans le sac.  Mais elle ne dit rien.  Puis le vieux prêteur demanda à la jeune fille de piger dans le sac. 

      
    Imaginez un instant ce que vous auriez fait si vous aviez été là.  Qu’auriez-vous conseillé à la jeune fille de faire? 
     
    Si on analyse bien, il y a 3 possibilités : 
    1) la fille devrait refuser de piger un caillou 
    2) la fille devrait sortir les deux cailloux noirs du sac, montrant que le vieux 
        a triché 
    3) la fille devrait piger le caillou noir et se sacrifier en mariant le vieux pour 
        épargner l’emprisonnement à son père 

    Prenez un moment pour réfléchir à cette situation.  Cette histoire a pour but de vous faire apprécier la différence entre la pensée logique et la pensée dite “latérale”.  Le dilemme de la jeune fille ne peut pas être résolu de façon équitable par la pensée logique traditionnelle.  Pensez aux conséquences de chacune des trois options possibles.  Alors, qu’auriez-vous fait? 

      

    Bien voici ce que la jeune fille fit : 

    Elle pigea dans le sac et en sortit un caillou qu’elle échappa aussitôt par terre, gauchement, sans qu’on ait pu le voir, et il se confondit spontanément  avec la multitude des autres cailloux sur le sol. 

      

    Ah! ce que je peux être maladroite, s’exclama la jeune fille.  Mais qu’importe, si je sors du sac le caillou qui reste, on verra bien lequel j’avais pigé en premier! 

    Puisque le caillou restant était noir, le premier caillou pigé ne pouvait qu’être blanc. Et comme le vieux prêteur n’osa pas avouer sa malhonnêteté, la jeune fille transforma une situation qui semblait impossible en un dénouement fort avantageux. 

      

    La morale de cette histoire : 

    Il existe une solution pour la plupart des problèmes complexes.  C’est juste qu’on ne sait pas toujours regarder les choses sous le bon angle. 

    cailloux


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  • 3 pucelles


    Au dessus de la Tour Sans Venin(voir article du 16/11/2009), des rochers verticaux semblables à des statues se détachent de la montagne. Tous les Grenoblois connaissent ces 3 rochers mythiques trônant fièrement sur les crêtes du Vercors. Ils sont le rendez vous des escaladeurs.

    Mais connaissez-vous l'origine de ce nom très curieux ?

    Les 3 Pucelles de St Nizier

     

    " Il était une fois, il y a bien longtemps, 3 jeunes filles très belles et surtout très coquettes. Dans ce petit hameau du Vercors, leurs manières surprenaient les habitants qui avaient beaucoup de mal à survivre sur cette terre aride, et froide en hiver.

     Pendant que tout le monde s’affairait aux champs, nos 3 damoiselles se promenaient dans les près.

      - Ho, regardez les filles, comme ces fleurs feraient un joli bouquet,

      - Et avec celles ci, je ferai une tresse dans mes longs cheveux,

      - Ho, regardez, le marchant ambulant de tissus monte la côte,

      - Oui, allons voir les nouveaux coloris dans sa moche carriole?

     

       Et dans cette grande insouciance, elles se promenaient sans faire attention aux dangers de ce monde médiéval.

    Un après-midi, elles partirent loin du village et............ des mécréants comme seul le Moyen âge en a créés (vous êtes d'accord gente dame, votre siècle ne comporte que des gentlemen) virent ces jouvencelles sans gardien et si .............. appétissantes.

    Vous avez compris qu'un mauvais coup se préparait.

     

     Tout en dévalant la pente, ces malandrins criaient des obscénités que je ne peux vous traduire (chevalier je suis bien sûr).

      - Au secours fit l'une.

      - Fuyons fit l'autre.

      - Ah si j'avais su fit la troisième.

     

      Nos 3 pucelles comprirent leur erreur, et coururent vers le village si lointain .......... Mais les talons, la longue robe, les dessous en dentelle ne permettent pas une fuite rapide ....... Et le danger se rapprochait.

      Se sentant perdues, elles invoquèrent le Saint de la paroisse. Saint Nizier, toujours très vigilant envers ses protégées, avait vu la scène et se décida d'aider les « trop coquettes pucelles ».................. Mais .......... Il voulut faire un exemple pour que toutes les damoiselles (de cette époque bien sûr) comprennent que l'insouciance ne peut pas être sauvée sans conséquence.

     

    Et plutôt que de punir directement les malandrins, qui n'étaient que des pauvres hommes, il décida ......... de transformer ces 3 jeunes filles en rocher. Dans leur habit éternel, elles regarderaient le monde jusqu'à ce qu'un jour ............ Mais vous connaissez la suite. "


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  • djeha

    Nasr Eddin Hodja
    est un
    ââlem(savant) mythique de la culture musulmane qui aurait vécu en Turquie, à une date indéterminée entre le XIIIe siècle et le XVe siècle. Sa renommée va des Balkans à la Mongolie et ses aventures sont célébrées dans des dizaines de langues, du serbo-croate au persan en passant par le turc, l'arabe, le grec, le russe et d'autres.

    Son personnage s'est fondu à celui de Joha (au Maghreb) Jha, Djha ou Djouha. Le personnage de Joha (en Égypte il s'appelle Goha, en Turquie il s'appelle Nasreddin Hoca (prononcer Hodja)) préexistait à celui de Nasr Eddin Hodja sans que l'on puisse clairement déterminer l'origine de ce personnage ingénu, faux-naïf du monde arabo-musulman. En Iran, on l'appelle Mollah Nasreddin et en Asie centrale Appendi (du turc efendi : monsieur), mais ce sont toujours les mêmes aventures que l'on raconte à son propos. Ses histoires courtes sont morales, bouffonnes, absurdes ou parfois coquines. Une partie importante d'entre elles a la qualité d'histoire enseignement.

    Nasr Eddin vit en général à Akşehir (Turquie) où il a sa tombe canular vide. Ses histoires ont parfois pour protagonistes le terrible conquérant Tamerlan (Timour Lang), pour qui il joue le rôle de bouffon insolent bien que la situation soit anachronique. D'autres histoires mettent en scène son âne et sa première femme Khadidja ; il exerce parfois la fonction de Cadi voire d'enseignant dans une médersa.

    Il aurait vécu au VIIIe siècle à Koufa, un village d'Irak mais deux tombes existeraient : l'une dans un village d'Anatolie et l'autre en Algérie.

    Le roman Goha le simple a inspiré le scénario du film Goha de Jacques Baratier, avec Omar Sharif et Claudia Cardinale, film primé au festival de Cannes en 1958.

    L'Unesco a déclaré l'année 1996 année Nasr Eddin Hodja 

    1.       Djeha-Hodja Nasreddin et le cocher
    Djeha-Hodja Nasreddin rentre chez lui, contrarié par une mauvaise journée. Et pour une bagatelle, le voilà qui se dispute avec sa femme :
    - J'en ai assez, je m'en vais, je quitte la maison !
    Affolée et désemparée, sa femme lui court après en demandant :
    - Où vas-tu ? Dis-moi au moins où tu vas aller...
    Djeha-Hodja Nasreddin claque la porte, sans répondre et s'en va. Une fois dehors, il arrête une calèche qui arrivait et s'installe sans rien dire.
    - Bonjour, Djeha-Hodja Nasreddin, où veux-tu aller, lui demanda le cocher
    - Comment ça, où je veux aller. Je ne l'ai même pas dit à ma femme et tu veux que je te le dise à toi !

    2.        La grasse matinée
    Djeha-Hodja Nasreddin et sa femme paressaient au lit et aucun d'eux n'avait envie de se lever.
    - Kalima, dit Djeha-Hodja Nasreddin,
    va voir dehors s'il pleut encore.
    - Non, le temps est sec, sinon tu entendrais le bruit de la pluie sur le toit.
    - Alors, lève-toi pour mettre une bûche dans le feu.
    - Tu ne vois pas d'ici qu'il reste encore des braises dans la cheminée ?
    - Je vois que tu n'as aucune envie de te lever. Puisque tu as réussi à faire deux tâches sans sortir du lit, dis-moi comment tu comptes t'acquitter de la troisième ?
    - Laquelle ? Interrogea Kalima
    - Traire la chèvre qui se trouve dans la cabane, au bout du jardin.

    3.        Le potage de la belle-mère
    En voyant sa femme pleurer sans aucune raison, Djeha-Hodja Nasreddin lui demanda
    - Que t'est-il arrivé ?
    Sa femme, séchant ses larmes, lui répondit :
    - Je me suis souvenu de ma pauvre mère. Elle aimait tellement ce potage. C'est elle qui m'a appris à le faire.
    Djeha-Hodja Nasreddin connaissait sa belle-mère et avait beaucoup de respect pour elle. Donc il n'a rien dit. Il a pris une cuillerée de potage et l'a avalée. Ses yeux se sont alors remplis de larmes.
    - Qu'est-ce qui se passe ? Lui dit sa femme. Pourquoi pleures-tu ainsi ?
    - Je pleure, dit Djeha-Hodja Nasreddin, parce que c'est toi qui aurais du être morte au lieu de ta pauvre mère.

    4.       Les jambes sciées
    La femme de Djeha-Hodja Nasreddin n'était facile à vivre. Elle le harcelait constamment et Djeha-Hodja Nasreddin en avait plus qu'assez. Durant un de ses sermons, il parla des épouses acariâtres et il put vider son cœur à souhait. Quand il eut fini, il se sentit mieux et demanda aux hommes de l'assistance qui avaient des femmes acrimonieuses de se lever. Tous se levèrent, ce dont il fut surpris. Un de ses amis lui dit :
    - Djeha, tu es le seul à ne pas te lever ! Tu dois donc être très heureux avec ta femme !
    - Oh non ! Répondit Djeha-Hodja Nasreddin. J'allais me lever avant quiconque quand j'en ai été empêché. J'ai été tellement déconcerté par le nombre de personnes concernées que mes jambes se sont mises à trembler, à tel point que je ne pouvais même plus bouger.

    5.        Qui a raison ?
    Une grande controverse avait divisé le village en deux. On en appela à Djeha-Hodja Nasreddin pour résoudre le problème. Sa femme l'avertit que cela pourrait se retourner contre lui. Conscient de ses responsabilités, Djeha-Hodja Nasreddin ne pouvait se dérober. Il alla à la place du marché et fit face aux villageois réunis en deux clans opposés. Le leader et quelques voix du premier groupe lui crièrent de s'assurer qu'il avait bien compris leur point de vue. Après les avoir écoutés, il leur dit :
    - Vous avez raison.
    Les partisans du second groupe le menacèrent de leur poing pour le convaincre de la validité de leur point de vue. Il les écouta et leur dit :
    - Vous avez raison aussi.
    Sa femme le tira par la manche et lui souffla qu'ils ne pouvaient pas avoir raison tous les deux.
    - Tu as raison toi aussi, lui répondit-il.

    6.       Si Dieu veut (in chaa Allah) 
    Djeha-Hodja Nasreddin était déterminé à être plus entreprenant. Un jour, il dit à sa femme qu'il allait labourer son champ près de la rivière et qu'il serait de retour pour le dîner. Elle l'exhorta à dire "In chaa Allah" (si Dieu veut). Il lui répondit que c'était son intention, que Dieu veuille ou ne veuille pas. Horrifiée, sa femme leva les yeux au ciel et, prenant Allah à témoin, lui demanda de lui pardonner pour ce parjure. Djeha-Hodja Nasreddin prit sa charrue, y attela ses bœufs et, enfourchant son âne, s'en alla vers le champ. Cependant, suite à une soudaine et brève averse, la rivière déborda. Son âne fut emporté par le courant et, embourbé, un des bœufs eut une patte brisée. Djeha-Hodja Nasreddin dut le remplacer lui-même. Il avait fini la moitié du champ seulement quand le soir tomba. Il rentra chez lui, exténué. Il dut attendre longtemps dans l'obscurité que le niveau de la rivière baisse, pour pouvoir traverser. Il arriva vers minuit, trempé mais plus sage. Il frappa à sa porte.
    - Qui est là ? Demanda sa femme.
    - Je pense que c'est moi, si Dieu veut.

    7.        La gestation de sept jours
    La première femme de Djeha-Hodja Nasreddin étant morte récemment, il décida de se remarier. Exactement sept jours après le mariage, sa femme donna naissance à un bébé. Hodja courut au marché, acheta du papier, des crayons, des livres et revint mettre ces objets à côté du nouveau-né. Etonnée, sa femme lui demanda :
    -  Mais Effendi, le bébé n'aura aucune utilisation de ces objets pour un certain temps encore! Pourquoi cette précipitation ?
    - Détrompez-vous ma chère, répondit Djeha. Un bébé qui arrive en sept jours au lieu de neuf mois, est sûr d’avoir besoin de ces choses d’ici à deux semaines au maximum.

    8.        Le visage revêche
    Un soir, Djeha-Hodja Nasreddin rentre chez lui, fatigué, cherchant un réconfort, mais ne trouvant, pour l’accueillir, que la mine renfrognée de sa femme.
    - Qu'est-ce qui ne va pas encore ? Se plaignit Hodja
    . C’est là toute ma récompense après une dure journée de labeur?
    - Oh! Dit sa femme,
    le petit garçon de notre voisin est mort. Je suis allé participer à la prière et je viens juste d’en revenir.
    - Je me souviens, répliqua Hodja, Tu as le même visage revêche que quand tu reviens d’un mariage.

    9.        L'âge de sa femme ?
    Djeha-Hodja Nasreddin est allé chez le cadi pour divorcer. Ce dernier lui a demandé le nom de sa  femme.
    - Je ne sais pas, a t-il répondu
    - Depuis combien d’années êtes-vous mariés?
    - Depuis plus de vingt ans
    - Comment se fait-il que tu ignores le nom de ta femme?
    - Je n'ai jamais pensé que le mariage durerait, donc je n'ai pas fait l'effort d'apprendre le nom de la jeune mariée.

    10.   Tout le monde est là !
    Allant chercher des œufs au marché, Djeha-Hodja Nasreddin en ramena un.
    - Comment, lui dit sa femme, que veux-tu que je fasse d'un seul œuf ! Il m'en faut une demi-douzaine ! Pourquoi fais-tu toujours les choses au compte gouttes !
    Il retourna au marché et ramena cinq autres œufs. Mais, quelque temps après, sa femme tomba malade et était mal en point.
    - Va vite me chercher un médecin, lui dit-elle, qu'il fit illico. Il arriva avec plusieurs personnes et dit à sa femme :
    - Cette fois, tu n'auras pas de reproches à me faire car j'ai suivi ton conseil et je t'ai ramené la demie-douzaine : avec le médecin, voici le pharmacien, le commerçant du bazar qui t'a apporté une bouillante pour te tenir chaud, le marchand de bois pour nous permettre de faire un bon feu dans la cheminée, l'imam qui va prier pour ta guérison et, il y a même le croque-mort, on ne sait jamais !

    11.   La mort de Djeha-Hodja Nasreddin
    Un jour qu'il se sentait mal en point, Djeha-Hodja Nasreddin s'étendit sur le chemin qui menait à sa maison, se croyant mort. Il s'est dit que quelqu'un finirait bien par passer par là et irait annoncer la nouvelle au village. Comme personne n'était venu, il se leva et alla chez lui annoncer la nouvelle à sa femme :
    - Halouma, je viens juste de mourir, tu trouveras mon corps sur le chemin qui mène à la rivière. Il repartit s'étendre à nouveau sur le chemin. Sa femme alla voir le cadi et lui dit :
    - Mon mari est mort, il est sur le chemin qui mène à la rivière.
    - Halouma, En es-tu sûr ! Je viens juste de voir ton mari qui gambadait comme un cabri et je t'assure qu'il se portait à merveille !
    - J'en sui sûr ! Il est venu me l'annoncer lui-même !



                                               جُحَا


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