• LE FIL CINéMA - “Hors-la-loi” évoque pour la première fois au cinéma les massacres de Sétif, perpétrés en Algérie par l'armée française en 1945, et reconnus récemment par les autorités. Pourtant, avant même d'avoir été visionné à Cannes, le 21 mai, le dernier film du réalisateur d'“Indigènes” suscite les réactions hostiles de l'extrême-droite, du député UMP Lionnel Luca, et même d'Hubert Falco, le secrétaire d'Etat aux anciens combattants.

     

    Prix d’interprétation collectif à Cannes en 2006, Indigènes, de Rachid Bouchareb, avait ému le public au point de susciter le vote d’une loi (restée hélas lettre morte) revalorisant les pensions des anciens combattants issus des colonies. Avant même sa présentation en compétition sur la Croisette le 21 mai, le nouveau film de Bouchareb, Hors-la-loi, réveille au contraire de drôles de crispations jusqu'au plus haut niveau de l'Etat… En cause ? La représentation des massacres de Sétif, perpétrés par l’armée française en mai et juin 1945 – plus de dix mille morts –, considérés comme le début de la guerre algérienne d’indépendance.

     

    Il avait fallu attendre le 27 février 2005 pour que la France reconnaisse, par un discours à Sétif de son ambassadeur en Algérie, Hubert Colin de Verdière, qu’il s’agissait d’une « tragédie inexcusable ». Reconnaissance répétée en avril 2008 par son successeur Bernard Bajolet, qui a évoqué à Guelma ces « épouvantables massacres » et la « très lourde responsabilité des autorités françaises de l’époque dans ce déchaînement de folie meurtrière », soulignant que ces événements « ont fait insulte aux principes fondateurs de la République française et marqué son histoire d’une tache indélébile. Aussi durs que soient les faits, la France n’entend pas, n’entend plus, les occulter. Le temps de la dénégation est terminé ».

     

    Pas si sûr. Fervent défenseur de la loi louant le « rôle positif » de la colonisation, le député UMP Lionnel Luca dénonce depuis des mois un film « négationniste ». Le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, Hubert Falco, pointe de son côté des erreurs dans le scénario et déclare « au nom de la défense de la mémoire » refuser de cautionner une œuvre… qu’il n’a pas vue ! Enfin, les mouvements d’extrême-droite ont lancé une « Croisade sur la Croisette », appelant à manifester et à « pourrir » une projection qui s’annonce mouvementée : « Nous leur crierons notre indignation de voir les porteurs de valises et les déserteurs être glorifiés par le film et être élevés au rang de “Justes” pour avoir fourni des armes aux assassins de soldats français. »

     

    Dénonciations de l'« anti-France », guerre des mémoires : le cocktail est déjà explosif, mais le fait, inédit dans ce genre de polémiques, qu'un membre du gouvernement prenne parti rend le climat particulièrement tendu. Conscients de l'effet amplificateur du festival de Cannes, les messages de soutien à Bouchareb se sont multipliés. Une douzaine d'intellectuels – historiens, mais aussi éditeurs, réalisateurs, écrivains – ont ainsi publié mercredi dans Le Monde un texte pour répondre aux accusations portées, « symptôme du retour en force de la bonne conscience coloniale dans certains secteurs de la société française, avec la complicité des gouvernants.

     

    Dans un entretien à l'AFP, l'historien spécialiste de l'Algérie Benjamin Stora a dénoncé vendredi la campagne menée contre le film. « Trente ans après l'indépendance de l'Algérie, cette guerre était loin d'être finie "dans les têtes et dans les cœurs", faute d'avoir été suffisamment nommée, montrée, assumée dans et par une mémoire collective. Il y a toujours eu une très grande difficulté à faire figurer l'Autre, l'ancien indigène du temps colonial, dans le cinéma français. Cette absence est manifeste tant dans le cinéma de divertissement, où l'on reste dans une représentation exotique de l'Autre, que dans le cinéma de dénonciation du colonialisme des années 60, où l'on ne montre pas le combattant d'en face. Dès que celui-ci commence à agir par lui-même, cela devient problématique », relève l'historien. « C'est là tout le problème du regard sur ce passé colonial, la difficulté de faire un travail de deuil sur la perte de l'Algérie française, qui reste une blessure dans l'histoire du nationalisme français », poursuit Stora. De ce fait, la séparation « n'a quasiment pas été représentée à l'écran comme la résultante de la volonté d'indépendance des Algériens. Elle a plutôt été vue comme le produit d'une trahison ou d'un abandon par les Français. Ainsi, des événements tels que les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en 1945 ne figurent pas dans le cinéma français, même de manière elliptique. C'est un véritable trou noir ».

     

    Du côté des confrères de Rachid Bouchareb, l'activisme de Lionnel Luca a suscité vendredi la riposte de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) : le député UMP se voit décerner un « prix de la bêtise avec un grand C » (selon l'expression de Jacques Prévert), tout juste créé pour l'occasion. Votée à l'unanimité par le conseil d'administration de la SACD, cette gratification satirique « vise à honorer ceux qui, en toute méconnaissance de cause, prendront dorénavant l'initiative de tenter de limiter la liberté d'expression en s'attaquant publiquement à des œuvres sans les avoir lues ou vues ».

     

    Quelles que soient les critiques que chacun pourra émettre devant le film – que nous n'avons pas vu –, Rachid Bouchareb aura eu le mérite de faire resurgir des événements trop longtemps effacés de l’histoire officielle de la République française. L'occasion pour nous d'y revenir plus longuement dans les prochains jours !

     

    Source:Télérama


    5 commentaires
  • En pleine révolution algérienne, la France avait voté une loi en 1955 interdisant la

    diffusion de textes ou de matières radiophoniques ou autre traitant de la « guerre d'Algérie », sous un angle non officiel.

     

    Entre 1954 et 1962, les autorités françaises avaient décidé la censure des journaux, notamment ceux qui évoquaient les actes de torture, sous le prétexte d'«atteinte au moral de l'armée». La Question d'Henri Alleg et La Gangrène de Bachir Boumaza, parus en 1958 chez les éditions de Minuit et qui dénoncent

    la torture en Algérie, sont immédiatement censurés.

     

    > Le petit soldat, de Jean Luc Godard (1960),

    censuré jusqu'en 1963

     

    > La Bataille d'Alger, de Gillo Pontecorvo

    (1965), censuré jusqu'en 1971

     

    > 58 2/B de Guy Chalon de 1959 sur le

    retour d'un rappelé court métrage censuré.

     

    > Secteur postal 89.098 de Durand court

    métrage censuré. Vision de la séparation d'un

    couple durant la guerre d'Algérie.

     

    >Les distractions de Jacques Dupont en

    1961.

     

    > Les lâches vivent d'espoir de Claude

    Bernard Aubert en 1961. Une scène du film est

    censurée.

     

    >Octobre à Paris d'Armand Panijel de 1962

    sur les manifestations des Algériens en France

    en octobre 1961. Censuré.

     

    > Tu ne tueras point de Claude Autant-Lara

    sur un objecteur de conscience en 1961.

    Interdit en France.

     

    > Le combat dans l'île d'Alain Cavalier de

    1961 dénonce les pratiques de l'OAS. Censuré.

     

    > La belle vie de Robert Enrico de 1963

    dénonce les parachutistes lors d'une scène

    d'un passage à tabac à Marseille. Censuré.

     

    > Muriel ou le temps du retour d'Alain

    Resnais 1963. Dénonce la torture en Algérie.

    Prix de la critique au Festival de Venise.

     

    > Madame Jeanne de Jacques- André Bizet

    de 1966. La vie de Jeanne d'Arc qui laisse

    apparaître une scène de torture sur une

    femme algérienne par un parachutiste

    français. Film interdit.

     

    >Les désaccords d'Evian, en 1966 de

    Raymond Lefèvre; ce film montre plusieurs

    visions de la guerre d'Algérie.

     

    > Elise ou la vraie vie de Michel

    Drachen1970 évoque un amour impossible

    entre une française et un ouvrier algérien.

    Interdit pour un an.

     

    > Avoir 20 ans dans les Aurès de René

    Vautier de1972. Des soldats pris dans des

    opérations meurtrières, censuré deux ans.

     

    > Nuit Noire d'Alain Tasma qui montre le

    massacre des immigrés à Paris le 17 octobre

    1961, censuré jusqu'en 1964.

     

    > L’Algérie et l'Algérie en flammes (1955 et

    1958) courts métrages censurés de René

    Vautier.

     

    > J'ai 8 ans de Yann Le Masson et René

    Vautier. Film qui montre les dessins des

    enfants qui ont vécu la guerre et qui sont

    réfugiés dans les camps en Tunisie 1960.

    Censuré.

     

    Le loi votée en 1955 est toujours en vigueur.


    3 commentaires
  • Je sais désormais à quoi m’en tenir sur les cinéastes égyptiens, les journalistes et le festival du Caire. Je suis tombé sur des gens effrayants, tendance soumission aveugle au pouvoir de Moubarak, qui ressemble de plus en plus à Mussolini envoyant ses « chemises noires » contre l’ambassade d’Algérie. Qu’ils aillent tous au diable ! Le Caire, c’était l’enfer. Soudain, j’ai vu l’autre visage de la ville, des ruines partout, des trottoirs défoncés, des rues noires de saleté, des mendiants et des mouches

    Le Caire (Egypte). De notre envoyé spécial

    Et j’ai vu l’immense souffrance, la détresse de ces Cairotes non pas à cause de leur noire misère mais parce qu’ils ont perdu un match de football contre l’Algérie. Même les gens humbles, crasseux, qui semblent être la majorité des habitants, se sont mis à crier vengeance contre l’Algérie. Le Caire a oublié l’humour pour entrer dans l’hystérie. Le jour-même où Moubarak s’est couché devant l’Israélien Peres en visite officielle, il ordonnait à ses hordes de loubards d’aller brûler le drapeau algérien devant notre ambassade.J’ai cherché en vain un journal propre, intelligent ; un cinéaste, un artiste, un professeur d’université courageux, honnêtes, qui s’opposent à cette infecte politique de haine et de terreur qui secouait Le Caire après la victoire de l’Algérie : il n’y en avait pas un seul, aucun. Ils étaient tous aux ordres, intoxiqués par les mensonges du pouvoir selon lequel les supporters algériens étaient armés comme des Sioux à Khartoum et s’attaquaient aux paisibles Egyptiens... Le 33e festival du Caire lui-même ressemblait à une cour d’esclaves au service d’un certain Farouk Hosni dont on sait le sort funeste de sa candidature à l’Unesco. Mais ce type-là a tout de même recueilli la voix de l’Algérie ! Pour ensuite, recroquevillé dans son fauteuil de l’opéra lors de la cérémonie de clôture, flottant de son misérable oubli de ce que l’Algérie a fait pour lui, organiser une grossière machination contre le cinéma algérien.

    Bien fait pour nous qui avons soutenu ce ministre de la Culture égyptien qui sent une grosse odeur de moisi après 22 ans au même poste ! Rappel. L’idée d’inviter Rachedi et d’autres cinéastes algériens au 33e festival du Caire a germé en juillet dernier, lorsque le festival d’Oran a accueilli une forte délégation d’Egypte avec toutes les convenances dues à des artistes. Treize films algériens au programme, un hommage à Rachedi, un dîner officiel à la Citadelle dans une ambiance tout à fait normale, avant les deux matchs. Puis le triomphe des Verts à Khartoum a soudain entraîné toute l’Egypte vers les rivages d’une dangereuse escalade de haine. Sans rime et sans raison cinématographique, les organisateurs du festival du Caire ont suivi l’insipide mouvement, transformant l’évènement en un traquenard. Deux cinéastes au jury, Belkacem Hadjadj et Lies Salem, ont claqué la porte. Les journalistes ont cherché un vol retour pour rentrer au pays. Les films de Rachid Bouchareb, Abdelkrim Bahloul, Bachir Derraïs, Saïd Ould Khelifa, Fatma Zohra Zamoum... ont soudain disparu des salles après le but de Antar Yahia ! Dans les rues, des gens d’habitude simples, dociles, larbins, des épiciers, des bouabs, des chauffeurs de taxi se sont pris pour des foudres de guerre. Et pendant tout ce temps, la presse continuait à étaler des montagnes d’inepties, de mensonges hallucinants, tout à la gloire d’un raïs inexorablement courbant l’échine devant son visiteur venu de Tel Aviv. En débarquant au Caire, j’étais encore sous le charme de Bombay (Mumbai), du merveilleux temps de Juhu Beach et des défilés des stars de Bollywood couvertes de soie et de bijoux qui participaient au 11e festival du film de Mumbai (MFF) organisé par la Mumbai Academy of Moving Image (MAMI). A côté de Bombay, Le Caire, c’est désormais le néant. Il faut fuir la misère exécrable de l’Egypte et aller vers la singulière beauté de l’Inde.

    Par Azzedine MABROUKI in El Watan.





    8 commentaires










  •  

     

    Les femmes ont à leur disposition deux armes terribles : le fard et les larmes. Heureusement pour les hommes elles ne peuvent pas s'en servir en même temps.


    [Marilyn Monroe]



    Moi, je n'ai pas d'ami. C'est trop fatigant d'être aimable.


    [Jean Gabin]



    Si je ne suis pas devenu prêtre, c'est à cause des voeux de chasteté.


    [Michel Serrault



    La liberté, c'est de pouvoir choisir celui dont on sera l'esclave.


    [Jeanne Moreau]



    Fermer les maisons closes, c'est plus qu'un crime, c'est un pléonasme.


    [Arletty



    Le secret du bonheur en amour, ce n'est pas d'être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il le faut.


    [Simone Signoret



    Les gens sont des comédiens, nous, nous sommes des acteurs.


    [Louis de Funès]



    Un acteur, c'est quelqu'un qui, si tu ne parles pas de lui, ne t'écoute pas.


    [Marlon Brando]

     

     


    17 commentaires

  • La 21e édition du festival de photographie, qui se poursuit jusqu'au 30 juin, a été officiellement ouverte hier en mairie de Voiron, en présence notamment du député et président du Conseil général, André Vallini. Par ailleurs, l'actrice Françoise Bolufer  qui remplace au pied levé Edward Meeks, a lancé pour sa part le festival du film court (du 5 au 7 juin) en tant que présidente du jury. « Malgré la crise, ce sera bel et bien un festival de fête », a promis Philippe Bourreau, le président de "Reflex image" organisateur de l'événement, avec toute son équipe.
    Source:Le Dauphiné Libéré


    6 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique