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    Le massif de Belledonne, au loin, invisible.
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    Mon premier Bonhomme de Neige .
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    On ferme !!! 


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  • Mère kateb Yacine

    Yasmina, la maman de Kateb Yacine...

    « Je suis né d'une mère folle très géniale. Elle était généreuse, simple, et des perles coulaient de ses lèvres. Je les ai recueillies sans savoir leur valeur. Après le massacre du 8 mai 1945, je l'ai vue devenir folle. Elle, la source de tout. Elle se jetait dans le feu, partout où il y avait du feu. Ses jambes, ses bras, sa tête, n'étaient que brûlures. J'ai vécu ça, et je me suis lancé tout droit dans la folie d'un amour, impossible pour une cousine déjà mariée.»

    kateb 1 
    Kateb YACINE, son épouse, sa mère et son fils Amazigh, leader du groupe grenoblois Gnawa Diffusion .


    En souvenir de celle qui me donna le jour
    La rose noire de l’hôpital

    Où Frantz Fanon reçut son étoile
    En plein front
    Pour lui et pour ma mère
    La rose noire de l’hôpital
    La rose qui descendit de son rosier
    Et prit la fuite

    A nos yeux s’enlaidissant par principe
    Roulée dans le refus de ses couleurs
    Elle était le mouchoir piquant de l’ancêtre
    Nous accueillait tombés de haut
    Comme des poux en manœuvre
    Plus son parfum de plèbe en fleur nous fit violence
    Par son mélange dépaysés
    Plus elle nous menaça
    Du fond de sa transhumance meurtrie
    Cueillie ou respirée
    Elle vidait sur nous
    Son cœur de rose noire inhabitée
    Et nous étions cloués à son orgueil candide
    Tandis qu’elle s’envolait pétale par pétale
    Neige flétrie ou volcanique
    Cendre modeste accumulant l’outrage
    Exposée de soi-même à toutes les rechutes
    Dilapidée aux quatre vents

    Venait-elle dans cette chambre ?
    Elle venait.
    Amante disputée
    Musicienne consolatrice
    Coiffée au terme de son sillage
    Du casque intimidant de la déesse guerrière
    Elle fut la femme voilée de la terrasse
    L’inconnue de la clinique
    La libertine ramenée du Nadhor
    La fausse barmaid au milieu des pieds-Noirs
    L’introuvable amnésique de l’île des Lotophages
    Et la mauresque mise aux enchères
    A coups de feu
    En un rapide et turbulent
    Et diabolique palabre algéro-corse
    Et la fleur de poussière dans l’ombre du fandouk
    Enfin la femme sauvage sacrifiant son fils unique
    Et le regardant jouer du couteau
    Sauvage ?
    Oui
    Sa noirceur native avait réapparu
    Visage dur lisse et coupant
    Nous n’étions plus assez virils pour elle
    Sombre muette poussiéreuse
    La lèvre blême et la paupière enflée
    L’œil à peine entrouvert et le regard perdu
    Sous l’épaisse flamme fauve rejetée sur son dos
    Le pantalon trop large et roulé aux chevilles
    Et le colt sous le sein
    Avec la paperasse et la galette brûlée

    Rarement, avec un soupir, elle retrouvait le collier d’ambre qu’elle mordait plutôt ou triturait, pensive, et brandissant le luth fêlé de son ultime admirateur, Visage de Prison, qui prononçait son nom de cellule en cellule, sans parler de Mourad et sans parler du bagne, sans parler de l’aveugle, un nommé Mustapha, que poursuivait son ombre en une autre prison, lui qui avait pourtant franchi les portes, mais il ne savait pas qu’il était libéré.

    Nous n’étions plus alors que sa portée
    Remise en place à coups de dents
    Avec une hargne distraite et quasi maternelle
    Elle savait bien
    Elle
    A chaque apparition du croissant
    Ce que c’est de porter en secret une blessure
    Elle savait bien
    Elle
    En ses seins pleins de remous
    Ce qu’était notre fringale

    Pouvait-elle
    Sillon déjà tracé
    Ne pas pleurer à fleur de peau
    La saison des semailles ?
    Même à sa déchirure de rocaille
    Pouvait-elle ignorer comment se perdent les torrents
    Chassés des sources de l’enfance
    Prisonniers de leur surabondante origine
    Sans amours ni travaux ?

    Fontaine de sang, de lait, de larmes, elle savait d’instinct, elle, comment ils retomberaient, venus à la brutale conscience, sans parachute, éclatés comme des bombes, brûlés l’un contre l’autre, refroidis dans la cendre du bûcher natal, sans flamme ni chaleur, expatriés.
     

    Kateb YACINE est un écrivain algérien né à Condé Smendou, aujourd'hui Zighoud Youcef ( Constantine) le 2 août 1929, mort à Grenoble le 28 octobre 1989.

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  • ciceron


    28 commentaires
  • FotoSketcher - 2004

    « L'humanité n'est qu'une fleur éphémère sur l'arbre du temps... Tout ce mal, tout ce mal qu'on se donne pour vivre, et puis plus rien. »

    45 commentaires
  • Ô

     

    L'eau prend toujours la forme du vase.

    Water Effect


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