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Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes de pays loin
cobayes des colonies
doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d'Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d'Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manoeuvres désoeuvrés
Polaks du Marais du Temple des Rosiers
Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou du cap Finistère
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres
Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d'une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boite de cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d'or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd'hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des hommes incendiaires labourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos
Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourez.
Jacques Prévert
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C’est incontestablement l’une des merveilles de la nature en Algérie que ce canyon sinueux où se repose l’oued Labiod (Ighzer Amellal) après une longue course depuis les montagnes de Chelia.
Une véritable citadelle millénaire qui s’étend de Tifelfetl à Kef Laârous, 90 km au sud de Batna sur la route de Biskra.
Surplombant l’oasis, les balcons de Ghoufi font la quintessence du site. Taillés en cascades dans la roche argileuse, ces balcons naturels ont attiré l’homme dans les temps anciens pour leur climat doux et la protection qu’ils offrent en temps de troubles.
Les autochtones y ont construit des demeures aujourd’hui vieillies (axam takdimt), restées témoins d’une histoire incomparable faite de résistance et de recueillement durant les temps de paix.
Ces maisons uniques en leur genre, qui, selon les versions connues, datent de 4 siècles, ont été habitées jusqu’aux années 1970.
Il s’agit d’une sorte de résidences d’été préférées pour leur fraîcheur naturelle alors qu’en bas sur les berges du oued, des jardins d’éden sont cultivés à l’ombre de la palmeraie.Figues, figues de barbarie et grenades sont cueillies depuis si longtemps et offrent, avec les petits potagers, un vivier utile pour la population qui s’approvisionnait ailleurs en céréale.L’oasis compte 26 espèces de palmiers.
Durant les troubles dus aux guerres tribales, les familles devaient s’abriter dans les citadelles en pierres taillées, érigées sur les étages les plus élevées.
Ce sont les citadelles des archs Ouled Yahia, Ouled Moussa, Ouled Mansour, Ouled Mimoun, Ouled Ouriach, OUled Fateh, Tabaâlith, Ouled Abed, Ouled Idir, Ouled Bouakkaz, Ouled Messaoud, Tifelfel et Ouled H’lel. Tous ces archs(tribus) composent le douar Ghassira.
Les murs de ces anciennes forteresses sont toujours habités par l’esprit des anciens et celui des maîtres religieux installés depuis le 1er siècle de l’hégire pour convertir la population berbère.Les zaouïas de Sidi Zemmour, Sidi Moussa, Sidi H’med Ben Sadek et Sidi Bakhouche vivent encore pour raconter la vie spirituelle et la tradition de la tarîqa rahmania.
Le visiteur qui descend des balcons vers l’oued empruntant l’escalier Chentour,âgé de 4 siècles, est subjugué par la magie du lieu et sa virginité.
Une beauté féerique qui avait attiré l’une des chaînes hôtelières les plus prestigieuses,le Transatlantique, pour y construire en 1902 un hôtel incrusté dans la falaise épousant le site et les axam takdimt.
Avec ses 14 chambres et son messe des officiers, le transat du Ghoufi accueillait une activité touristique importante jusqu’à sa destruction, en 1955.
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